lundi 25 octobre 2010

Chaque jour est une fête (FESTIVAL CINEMED 2010)

De Dima El-Horr, France/Allemagne/Liban, 1h25
Avec Hiam Abbas, Manal Kader, Raïa Haïdar...
Sortie le 27 Janvier 2010
Projeté au 32ème CINEMED de Montpellier (Fin Octobre 2010) 

A Beyrouth, de nos jours, un groupe de femmes qui ne se connaissent pas prennent le bus à travers l'arrière-pays libanais pour aller dans une prison pour hommes où elles ont, pour des raisons différentes, chacune des visites à passer.
Mais lors du voyage, au millieu de cette terre aride, le chauffeur meurt d'une balle dans la tête qui provient d'on ne sais où...
Les femmes sont livrés à elles-mêmes, le groupe se sépare peu à peu, et c'est finalement 3 femmes, d'horizons divers mais liées malgré elles par le destin, sur lesquelles le film s'attarde.  
A travers un road-movie fascinant, dans laquelle les actions et les évènements se succède un après l'autre (ce qui nous offre un veritable fil d'Ariane qui empêche le spectateur de se perdre et donc de s'ennuyer comme c'est hélas souvent le cas dans ce genre de film politique), Dima El-Horr nous montre la guerre civile qui ne s'est jamais vraiment finie au Liban sans jamais la filmer : à travers des sons diègetiques off, des populations en fuite, des echos d'"opérations", et de villages brulée, elle construit un important hors-champs, tout un contexte, qu'elle n'explique pas, mais c'est inutile, puisque c'est un état de fait.
L'idée de road-movie, peu habituelle dans un film lourd comme Chaque jour est une fête est formidable, car on s'interresse ainsi bien plus facilement à l'aventure des personnages, mais on s'attache aussi beaucoup à eux. Enfin à elles, puisqu'il s'agit de femmes parties pour voir le mari ou leur ex-mari, gardien ou prisonnier, mais finalement c'est leur propre indépendance qu'elles vont trouver à travers ce périple qui est un véritable voyage initiatique parsemé d'embuches qui une à une traversée rendent plus fort.
Toutefois, on pourrait reprocher au film sa grande lenteur, présente comme pour précisé inutilement qu'il s'agit d'un film d'art et essai independant du Sud, un genre qui commence helas à se codifier... Et même si le scenario et le type de point de vue est quand à lui original, le rythme de la mise en scene (qui pourtant ose quelques plans très intéressants comme ce long travelling arrière au debut puis avant à la fin du film qui passe du plan général au très gros plan en une quinzaine de seconde) est des plus classiques pour le genre.
Quoi qu'il en soit, et c'est l'essentiel, Chaque jour est une fête est un de ces film dont on ne ressort pas indemne, conscient d'avoir vécu un grand moment de cinéma et une grande aventure humaine.

dimanche 3 octobre 2010

Wall Street, l'argent ne dort jamais



De Oliver Stone, Etats-Unis, 2h16
Avec Michael Douglas, Shia LaBoeuf...
Sortie le 29 Septembre 2010

Plus de 20 ans après le premier, Oliver Stone offre une suite à son Wall Street. C'est l'histoire, sous fond de crise des subprimes (2008), d'un Gordon Gekko sortant de prison après 20 ans pour délit d'initié. Il rencontre un jeune trader, Jacob Moore (Shia LaBoeuf) qui veut se marier avec sa fille. Les deux hommes font un marché (un "deal") : Moore veut venger son ancien mentor, victime de magnats de la finance, Gekko veut se réconcilier avec sa fille. Mais Joseph Moore apprendra à ses dépends qu'on ne passe pas de marché d'entraide amiable et équitable avec Gordon Gekko...
Ce nouveau Wall Street n'est pas un mauvais film. D'abord, nous avons le droit à de très beau rôles (si Michael Douglas reste fidèle à lui même et excelle dans ce rôle de financier à double face, Shia Laboeuf est également très bon, et tient sûrement le meilleur rôle de sa carrière à l'heure d'aujourd'hui), mais aussi à de très bon personnages : Joseph Moore est l"archétype sans être le cliché du jeune trader dans le vent et propre sur lui, façon Jérôme Kerviel, tandis que Gekko est le parfait financier véreux, adepte de gros cigares, mais qui pour autant ne laisse rien transparaître.
Tout cela, ainsi que la représentation de cet univers très fermé de la finance mondiale est parfaite. La preuve en est d'une très bonne étude documentaire d'Oliver Stone sur le sujet.
Là où le film néanmoins déçoit, c'est qu'on ne sait jamais s'il on a à faire à un film très grand public, ou à une réflexion pointue sur le domaine de la finance lors du krach de 2008. Car Oliver Stone alterne avec maladresse montage ultra-rythmé et fantaisiste (surtout lors des transitions, ce qui lui apporte un aspect "pub" pas vraiment bienvenu) ainsi que scénario très convenu (les difficultés de la vie de couple, et les problèmes familiaux père/fille, traités de plus d'une manière archi classique, déjà trop souvent vu et revu par le cinéma américain) avec discours très complexe sur les flux et reflux du monde de la finance d'une très grande perméabilité pour les non initiés.
Bref, ne sachant jamais dans quel registre jouer, le film d'Oliver Stone perd beaucoup de sa force. Dommage, c'était à moitié réussi.