De David Yates, États-Unis, 02h25
Avec Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson...
Sortie le 24 Novembre 2010
Et de sept ! On commence à voir la fin de cette licence certainement la plus populaire de ces dernières années - enfin presque, car afin de prolongé le mercantilisme de tel produit, il fallait bien le rallonger : c'est pourquoi la production a sans vergogne séparé ce dernier tome en deux opus. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Rassurez-vous : les fans du sorcier qui fait plus vieux que sont age seront ravis, et les moins fans peut-être aussi. Pour une fois, on peut dire que David Yates à fait du bon boulot. Car après avoir massacré le sixième épisode en en faisant une sorte de teenage-movie sauce Twilight absolument incompréhensible point de vue rebondissements pour un spectateur qui n'aurait pas lu le roman au préalable, le réalisateur nous "offre" là un épisode bien plus "sombre" que les précédents, assez proche dans la forme du troisième épisode (réalisé par Alfonso Cuaron), le ton bleuté caractéristique de Yates dans les Harry Potter en plus. On est très loin du coté très féériques des films de Chris Columbus (les deux premiers) qui apportais toutefois un cachet assez sympatique à la série, même s'il est logique que la serie gagne de la maturité en même temps que ses personnages. Un épisode plus sérieux donc, même si les histoires d'amour sont assez présentes (Yates n'a pas pu s'en empecher), l'histoire l'emporte tout de même cette fois-ci sur le mélodrame (enfin plus ou moins)
De plus, les fervants lecteurs de Rowling seront heureux, puisque cette épisode n'"oublie" pas trop de péripéties (ce qui est quand même frustrant) - grâce, il faut bien le reconnaitre, au decoupage en deux de l'opus.
Quelques idées, assombrissant l'ambiance, sont assez bienvenu, à l'instar de la métaphore entre le Ministère de La Magie devenu Mangemort, et le régime Nazi (c'est assez clair : on y voit une une statue au style très IIIème Reich montrant des sorciers "de sang pur" écrasants des moldus... Ce n'est pas sans nous rappeler des heures sombre ; de plus Yates insiste bien histoire qu'on ai tous bien compris, en nous montrant des sortes de gardes de sécurité portant bien en évidence au bras droit un brassard rouge assez équivoque).
D'autre part, certains passages de pure action sont assez sympathique, à l'instarde cette course-poursuite dans le Londres moderne, même si on peut trouver quelques longueurs dans le films et quelques passages moins réussit (comme la séquence dans le petit village anglais le soir de noël, qui est assez bâclée)
Mais il y a toutefois un passage que je trouve absolument hors-propos : la séquence en animation. Partant d'une idée faussement originale (c'était en réalité la seule solution trouvé pour illustrer le conte raconté par Hermione), Yates (ou la Warner, je ne sais pas qui eu l'initiative) nous livre un dessin animé pas mal réalisé, mais dans un style manga à l'américaine à l'opposée totale du style du texte et de l'ambiance générale de la série (très "vieille Angleterre)
Bref, un bon divertissement pas exempt de défaut, qui faute de faire aussi bien que les 3 premiers, fait beaucoup mieux que le précédant, permettant à Yates de rattraper son erreur tout en rendant heureux les amateurs du genre et les fans de la série.
dimanche 28 novembre 2010
dimanche 21 novembre 2010
Buried
De Rodrigo Cortés,
Espagne, 01h35
Avec Ryan Reynolds, Robert Paterson, José Luis Garcia Pérez...
Sortie le 3 Novembre 2010
Il existe deux sortes de très bons films : les très bons films à univers, qui développent tout un imaginaire qui nous emporte et dont on rêvasse encore dessus bien après avoir vu le film (comme Le Seigneur des Anneaux) et les films chocs, qui nous font l'effet d'une claque, et dont on ressort de la salle, l'esprit encore embrumé par ce que l'ont vient de voir. Des films qui nous changent, qui nous transforment, qui nous marquent. Buried fait partie de cette deuxième catégorie.
Bien sûr, le film ultra-claustrophobique de Rodrigo Cortés, qui appartient très certainement à ce nouveau cinéma espagnol d'influence certes américaine mais qui révolutionne le genre du film d'angoisse - à l'instar de L'orphelinat - n'est pas exempt de défauts : on peut y voir, en cherchant bien, quelques invraisemblances - et encore, cela se discute - ou que l'action n'est parfois qu'une succession d'évènement qui ne dépendent pas des autres (mais c'est rarement le cas), mais qu'importe, car Buried nous plonge dans une telle angoisse, nous prend à la gorge, littéralement.
Tout d'abord car tout le film se déroule dans ce minuscule cercueil où l'on ne peut que se tenir couché (c'est un cercueil de taille standard). Même les moins claustrophobes se sentirons mal à l'aise, car le film est si prenant qu'on a l'impression d'y être, nous aussi, dans ce cercueil.
Le héros, Paul, camionneur civil sous contrat avec l'armée envoyé en Irak se réveille enfermé dans cette boite. Avec lui, simplement un Zippo, un téléphone portable en arabe à demi rechargé, et 90 minutes d'oxygène.
Comment va-t-il faire pour s'en sortir ? Et surtout, comment le réalisateur va-t-il faire pour rendre ce film d'une heure trente-cinq intéressant ?
Et bien, tout d'abord, d'un point de vue formel, Rodrigo Cortés use de "points de vues impossibles" mais néanmoins très intéressants et qui ne perturbes pour autant pas du tout le réalisme du récit et qui sont parfois simplement nécessaires, parfois une vraie volonté esthétique.
D'autre part, du point du vue du récit, il se passe constamment quelque chose, ce qui fait comme je l'ai dis, que l'on est constamment tenu en halène. Le téléphone portable bien entendu, puisque qu'il permet de communiquer avec l'extérieur, permet la plus part des actions - certains diront qu'il y a là de la facilité scenaristique - il n'est plus vraiment "tout seul" du coup - pour ma part je ne lui en tiendrai pas rigueur : ça permet également de se poser d'autres questions bien stressantes (Qui est à l'autre bout du fil ? Ou est cette personne ? Etc.)
Un très bon premier film donc pour Rodrigo Cortés (qui a toute l'originalité et la force des premiers films - espérons que comme beaucoup il ne se "standardise" pas trop par la suite, victime de son succès et des majors), ainsi qu'un rôle vraiment mémorable pour Ryan Reynolds, acteur de series et personnage secondaires de films assez inégaux (Mi$e à prix; La proposition; X-men Origins : Wolverine; etc.)
Un film qui marquera aussi les esprits, car même si la thématique de l'enterrement vivant à déjà été abordés plusieurs fois dans des films le temps d'une séquence (Kill Bill vol. II), mais jamais pendant 1h35 sans jamais nous montrer l'extérieur, et ce tout en faisant un film riche en rebondissements. C'est très fort.
Espagne, 01h35
Avec Ryan Reynolds, Robert Paterson, José Luis Garcia Pérez...
Sortie le 3 Novembre 2010
Il existe deux sortes de très bons films : les très bons films à univers, qui développent tout un imaginaire qui nous emporte et dont on rêvasse encore dessus bien après avoir vu le film (comme Le Seigneur des Anneaux) et les films chocs, qui nous font l'effet d'une claque, et dont on ressort de la salle, l'esprit encore embrumé par ce que l'ont vient de voir. Des films qui nous changent, qui nous transforment, qui nous marquent. Buried fait partie de cette deuxième catégorie.
Bien sûr, le film ultra-claustrophobique de Rodrigo Cortés, qui appartient très certainement à ce nouveau cinéma espagnol d'influence certes américaine mais qui révolutionne le genre du film d'angoisse - à l'instar de L'orphelinat - n'est pas exempt de défauts : on peut y voir, en cherchant bien, quelques invraisemblances - et encore, cela se discute - ou que l'action n'est parfois qu'une succession d'évènement qui ne dépendent pas des autres (mais c'est rarement le cas), mais qu'importe, car Buried nous plonge dans une telle angoisse, nous prend à la gorge, littéralement.
Tout d'abord car tout le film se déroule dans ce minuscule cercueil où l'on ne peut que se tenir couché (c'est un cercueil de taille standard). Même les moins claustrophobes se sentirons mal à l'aise, car le film est si prenant qu'on a l'impression d'y être, nous aussi, dans ce cercueil.
Le héros, Paul, camionneur civil sous contrat avec l'armée envoyé en Irak se réveille enfermé dans cette boite. Avec lui, simplement un Zippo, un téléphone portable en arabe à demi rechargé, et 90 minutes d'oxygène.
Comment va-t-il faire pour s'en sortir ? Et surtout, comment le réalisateur va-t-il faire pour rendre ce film d'une heure trente-cinq intéressant ?
Et bien, tout d'abord, d'un point de vue formel, Rodrigo Cortés use de "points de vues impossibles" mais néanmoins très intéressants et qui ne perturbes pour autant pas du tout le réalisme du récit et qui sont parfois simplement nécessaires, parfois une vraie volonté esthétique.
D'autre part, du point du vue du récit, il se passe constamment quelque chose, ce qui fait comme je l'ai dis, que l'on est constamment tenu en halène. Le téléphone portable bien entendu, puisque qu'il permet de communiquer avec l'extérieur, permet la plus part des actions - certains diront qu'il y a là de la facilité scenaristique - il n'est plus vraiment "tout seul" du coup - pour ma part je ne lui en tiendrai pas rigueur : ça permet également de se poser d'autres questions bien stressantes (Qui est à l'autre bout du fil ? Ou est cette personne ? Etc.)
Un très bon premier film donc pour Rodrigo Cortés (qui a toute l'originalité et la force des premiers films - espérons que comme beaucoup il ne se "standardise" pas trop par la suite, victime de son succès et des majors), ainsi qu'un rôle vraiment mémorable pour Ryan Reynolds, acteur de series et personnage secondaires de films assez inégaux (Mi$e à prix; La proposition; X-men Origins : Wolverine; etc.)
Un film qui marquera aussi les esprits, car même si la thématique de l'enterrement vivant à déjà été abordés plusieurs fois dans des films le temps d'une séquence (Kill Bill vol. II), mais jamais pendant 1h35 sans jamais nous montrer l'extérieur, et ce tout en faisant un film riche en rebondissements. C'est très fort.
dimanche 14 novembre 2010
The Social Network
De David Fincher, Etats-Unis, 02h00
Avec Jesse Eisenberg, Justin Timberlake, Andrew Garfield...
Sortie le 13 Octobre 2010
L'histoire, on la connais presque tous tant le film à fait parler de lui ces derniers temps : celle de la création du gigantesque réseau social (social network) Facebook, vu à travers son créateur, le charismatique nerd, Mark Zuckerberg, joué ici par un habitué de ce genre de rôle (Bienvenue à Zombieland, Adventureland,..) : Jesse Eisenberg, qui tient là très certainement le plus grand rôle de sa vie, du moins à l'heure actuelle. Car tout le film tourne autour de ce personnage de Mark Zuckerberg, véritable Citizen Kane de l'ère geek, et de toute l'histoire du terrifiant et génial site internet qu'il conçoit, de Facemash - site internet créé en une soirée par un Zuckerberg saoul et fraîchement célibataire afin de voter pour la fille la plus belle du campus (toute la puissance nerd - et le cliché peut-être aussi - de ce brillant mais introverti étudiant d'Harvard est là) - à Facebook, la plus grande communauté du Monde, tout cela à travers 3 procès parmi de nombreux autres dont fut inculpé Zuckerberg (tout cela relaté dans un montage alterné passé/présent très intéressant). Mais alors, Mark Zuckerberg, gentil ou méchant ? Voyou, génie ou traître ? Les trois peut-être, mais surtout milliardaire, comme le précisait une des deux affiches - qui sont géniales de sobriété et de force : un gros plan sur le visage d' Eisenberg/Zuckerberg placardé des mots voyou - génie - traître - milliardaire). Au fond, c'est certainement au spectateur de se faire une opinion sur Zuckerberg : le personnage n'est pas manichéen, il fait beaucoup de coups bas et se comporte parfois en vrai salaud, mais au fond, il semble aussi un peu victime du système qu'il a créé et qu'il ne contrôle plus tout à fait.
Mais ce film peut-il avoir un attrait pour les néophytes totaux de Facebook ? Tout à fait, car c'est avant tout une fresque géniale qui dépeint toute une époque, et parle d'autre que de Facebook, comme le fonctionnement d'une grande université américaine et ses club pour étudiants, le bizutage, etc.
De plus, Fincher ne parle pas ou très peu du fonctionnement même de Facebook. Ceux qui savent tant mieux, pour les autres ce n'est pas grave : ça n'apporte rien de plus au récit.
A travers ce film qui est plus qu'un simple biopic, Fincher réussit l'exploit de nous parler de quelque chose d'à priori aussi cinématographiquement barbant que la naissance de Facebook d'une façon totalement captivant à travers une mise en scène qui fascine où les dialogues sont omniprésents : dès la première séquence le ton est donné : champs/contre-champs extrêmement rapide, dans lequel on ne nous explique pas de quoi il est question, ce qui fait qu'on met un certain temps à comprendre qui ils sont (En l'occurrence Zuckerberg et sa - future - ex-petite amie) ni de quoi il parlent. Il fallait le faire, ouvrir un film comme ça. Et pourtant c'est génial, et ça installe tout de suite une certaine ambiance.
On pourrait peut-être simplement reprocher à Fincher de ne pas parler de ce que représente Facebook dans la société actuelle - à la fin du film, on a qu'une seule envie, c'est d'aller s'inscrire !
Mais le but de Fincher n'était pas là : on en voit tout le temps des articles dans les journaux qui critiques Facebook et sa dictature. Mais ce n'est pas un film sur le Facebook d'aujourd'hui. C'est un film sur sa création et surtout sur le personnage de Mark Zuckerberg.
Avec Jesse Eisenberg, Justin Timberlake, Andrew Garfield...
Sortie le 13 Octobre 2010
L'histoire, on la connais presque tous tant le film à fait parler de lui ces derniers temps : celle de la création du gigantesque réseau social (social network) Facebook, vu à travers son créateur, le charismatique nerd, Mark Zuckerberg, joué ici par un habitué de ce genre de rôle (Bienvenue à Zombieland, Adventureland,..) : Jesse Eisenberg, qui tient là très certainement le plus grand rôle de sa vie, du moins à l'heure actuelle. Car tout le film tourne autour de ce personnage de Mark Zuckerberg, véritable Citizen Kane de l'ère geek, et de toute l'histoire du terrifiant et génial site internet qu'il conçoit, de Facemash - site internet créé en une soirée par un Zuckerberg saoul et fraîchement célibataire afin de voter pour la fille la plus belle du campus (toute la puissance nerd - et le cliché peut-être aussi - de ce brillant mais introverti étudiant d'Harvard est là) - à Facebook, la plus grande communauté du Monde, tout cela à travers 3 procès parmi de nombreux autres dont fut inculpé Zuckerberg (tout cela relaté dans un montage alterné passé/présent très intéressant). Mais alors, Mark Zuckerberg, gentil ou méchant ? Voyou, génie ou traître ? Les trois peut-être, mais surtout milliardaire, comme le précisait une des deux affiches - qui sont géniales de sobriété et de force : un gros plan sur le visage d' Eisenberg/Zuckerberg placardé des mots voyou - génie - traître - milliardaire). Au fond, c'est certainement au spectateur de se faire une opinion sur Zuckerberg : le personnage n'est pas manichéen, il fait beaucoup de coups bas et se comporte parfois en vrai salaud, mais au fond, il semble aussi un peu victime du système qu'il a créé et qu'il ne contrôle plus tout à fait.
Mais ce film peut-il avoir un attrait pour les néophytes totaux de Facebook ? Tout à fait, car c'est avant tout une fresque géniale qui dépeint toute une époque, et parle d'autre que de Facebook, comme le fonctionnement d'une grande université américaine et ses club pour étudiants, le bizutage, etc.
De plus, Fincher ne parle pas ou très peu du fonctionnement même de Facebook. Ceux qui savent tant mieux, pour les autres ce n'est pas grave : ça n'apporte rien de plus au récit.
A travers ce film qui est plus qu'un simple biopic, Fincher réussit l'exploit de nous parler de quelque chose d'à priori aussi cinématographiquement barbant que la naissance de Facebook d'une façon totalement captivant à travers une mise en scène qui fascine où les dialogues sont omniprésents : dès la première séquence le ton est donné : champs/contre-champs extrêmement rapide, dans lequel on ne nous explique pas de quoi il est question, ce qui fait qu'on met un certain temps à comprendre qui ils sont (En l'occurrence Zuckerberg et sa - future - ex-petite amie) ni de quoi il parlent. Il fallait le faire, ouvrir un film comme ça. Et pourtant c'est génial, et ça installe tout de suite une certaine ambiance.
On pourrait peut-être simplement reprocher à Fincher de ne pas parler de ce que représente Facebook dans la société actuelle - à la fin du film, on a qu'une seule envie, c'est d'aller s'inscrire !
Mais le but de Fincher n'était pas là : on en voit tout le temps des articles dans les journaux qui critiques Facebook et sa dictature. Mais ce n'est pas un film sur le Facebook d'aujourd'hui. C'est un film sur sa création et surtout sur le personnage de Mark Zuckerberg.
lundi 1 novembre 2010
La Menzogna (SPECTACLE)
De Pippo Delbono, Italie, 2008
Mise en scène : Pippo Delbono
Avec Pippo Delbono ; Dolly Albertin ; Gianlucca Ballaré ...
Vu au MAILLON à Strasbourg, le 15/10/2010
Avant d'essayer de s'aventurer dans une impossible "critique" de cette pièce, il faut d'abord situer l'énigmatique œuvre : En 2007, 7 ouvriers meurent dans l'usine ThyssenKrupp de Turin. Mario Martone, directeur du Theatro Stabile de Turin propose à Pippo Delbono de faire l'ouverture de la saison du théâtre avec une pièce autours de cette affaire.
Pour écrire cette pièce, Delbono se rend à l'usine ThyssenKrupp. Et là, il est choqué par les conditions de travails qui, dit-il (dans une interview réalisé lors du festival d'Avignon) relève d'un autre age.
Mais comment alors réaliser un pièce qui témoignerais de la situation de ces ouvriers avec force et vérité.
On le voit bien au regard de la pièce, qu'il n'a pas choisi - et c'est tant mieux - la voie du réalisme. Le spectacle est sans dialogues ou presque. Les rares apparitions de mots proviennent de tirades issus d'autres pièce (comme un extrait de Roméo Et Juliette de Shakespeare. Sinon ce sont des cris. De terribles cris machiaveliques qui participent à mettre en place une ambience plus que malsaine. Car Delbono joue de la provocation : des multiples corps nus sur scène, une armada de curés enferments des jeunes filles dans des casiers (!), un Pippo Delbonno en chef d'orchestre fou et tyranique s'amusant en photographiant le public, etc.
Et au milieu de cette superbe et terrible folie, un faux entracte, une pause pour le moins étrange où on interdit au spectateur de sortir de la salle, où Pippo Delbonno rentre parmis eux et avec un micro soliloque, parle de choses qui ont plus ou moins quelque chose à voir avec la pièce, comme il l'a fait au debut de la pièce (ou bien était-ce juste avant qu'elle ne commence ?) quand, assis dans le public, inconnu, il commence à parler au micro dans un français très italien de la politique de Sarkozy et de sa femme.
Tout cela pendant qu'un homme sur scène se promène nu, imitant un chat.
Oui, c'est une pièce vraiment étrange, mais qui parradoxalement nous captive. On y comprend rien, on trouve ça souvent odieux - c'est voulu, mais on ne ferme pas les yeux une seconde.
Et c'est ça que veut montrer aussi, je pense, Delbonno : notre réaction face à des images, des actions, des corps qu'on a pas l'habitude de voir ainsi. Avec la publicité, Internet, le cinéma de masse, mais aussi un certain théâtre, nous sommes submerger d'images, et montrer sur scène des corps nus n'a pas la même impact qu'il aurait eu sur nous il y a 40 ans.
Pourtant la mise en scène de cette mensogna, ce "mensonge", qui nous montre d'ailleurs aussi des extraits vidéos, notamment d'une publicité pour ThyssenKrupp suivi d'un message critique d'un homme d'église italien, est un vrai claque. Une explosion dont on reste marqué à jamais. Enfin un théâtre qui se réinvente ! Enfin un théâtre qui nous permet de prendre conscience d'une certaine réalité. Enfin un théâtre qui ne se veut pas une représentation réaliste de la réalité, mais qui pourtant nous parle bien plus du réel que n'importe quel reportage aussi "choc" soit-il sur ce sujet. Bravo.
Mise en scène : Pippo Delbono
Avec Pippo Delbono ; Dolly Albertin ; Gianlucca Ballaré ...
Vu au MAILLON à Strasbourg, le 15/10/2010
Avant d'essayer de s'aventurer dans une impossible "critique" de cette pièce, il faut d'abord situer l'énigmatique œuvre : En 2007, 7 ouvriers meurent dans l'usine ThyssenKrupp de Turin. Mario Martone, directeur du Theatro Stabile de Turin propose à Pippo Delbono de faire l'ouverture de la saison du théâtre avec une pièce autours de cette affaire.
Pour écrire cette pièce, Delbono se rend à l'usine ThyssenKrupp. Et là, il est choqué par les conditions de travails qui, dit-il (dans une interview réalisé lors du festival d'Avignon) relève d'un autre age.
Mais comment alors réaliser un pièce qui témoignerais de la situation de ces ouvriers avec force et vérité.
On le voit bien au regard de la pièce, qu'il n'a pas choisi - et c'est tant mieux - la voie du réalisme. Le spectacle est sans dialogues ou presque. Les rares apparitions de mots proviennent de tirades issus d'autres pièce (comme un extrait de Roméo Et Juliette de Shakespeare. Sinon ce sont des cris. De terribles cris machiaveliques qui participent à mettre en place une ambience plus que malsaine. Car Delbono joue de la provocation : des multiples corps nus sur scène, une armada de curés enferments des jeunes filles dans des casiers (!), un Pippo Delbonno en chef d'orchestre fou et tyranique s'amusant en photographiant le public, etc.
Et au milieu de cette superbe et terrible folie, un faux entracte, une pause pour le moins étrange où on interdit au spectateur de sortir de la salle, où Pippo Delbonno rentre parmis eux et avec un micro soliloque, parle de choses qui ont plus ou moins quelque chose à voir avec la pièce, comme il l'a fait au debut de la pièce (ou bien était-ce juste avant qu'elle ne commence ?) quand, assis dans le public, inconnu, il commence à parler au micro dans un français très italien de la politique de Sarkozy et de sa femme.
Tout cela pendant qu'un homme sur scène se promène nu, imitant un chat.
Oui, c'est une pièce vraiment étrange, mais qui parradoxalement nous captive. On y comprend rien, on trouve ça souvent odieux - c'est voulu, mais on ne ferme pas les yeux une seconde.
Et c'est ça que veut montrer aussi, je pense, Delbonno : notre réaction face à des images, des actions, des corps qu'on a pas l'habitude de voir ainsi. Avec la publicité, Internet, le cinéma de masse, mais aussi un certain théâtre, nous sommes submerger d'images, et montrer sur scène des corps nus n'a pas la même impact qu'il aurait eu sur nous il y a 40 ans.
Pourtant la mise en scène de cette mensogna, ce "mensonge", qui nous montre d'ailleurs aussi des extraits vidéos, notamment d'une publicité pour ThyssenKrupp suivi d'un message critique d'un homme d'église italien, est un vrai claque. Une explosion dont on reste marqué à jamais. Enfin un théâtre qui se réinvente ! Enfin un théâtre qui nous permet de prendre conscience d'une certaine réalité. Enfin un théâtre qui ne se veut pas une représentation réaliste de la réalité, mais qui pourtant nous parle bien plus du réel que n'importe quel reportage aussi "choc" soit-il sur ce sujet. Bravo.
lundi 25 octobre 2010
Chaque jour est une fête (FESTIVAL CINEMED 2010)
De Dima El-Horr, France/Allemagne/Liban, 1h25
Avec Hiam Abbas, Manal Kader, Raïa Haïdar...
Sortie le 27 Janvier 2010
Projeté au 32ème CINEMED de Montpellier (Fin Octobre 2010)
A Beyrouth, de nos jours, un groupe de femmes qui ne se connaissent pas prennent le bus à travers l'arrière-pays libanais pour aller dans une prison pour hommes où elles ont, pour des raisons différentes, chacune des visites à passer.
Mais lors du voyage, au millieu de cette terre aride, le chauffeur meurt d'une balle dans la tête qui provient d'on ne sais où...
Les femmes sont livrés à elles-mêmes, le groupe se sépare peu à peu, et c'est finalement 3 femmes, d'horizons divers mais liées malgré elles par le destin, sur lesquelles le film s'attarde.
A travers un road-movie fascinant, dans laquelle les actions et les évènements se succède un après l'autre (ce qui nous offre un veritable fil d'Ariane qui empêche le spectateur de se perdre et donc de s'ennuyer comme c'est hélas souvent le cas dans ce genre de film politique), Dima El-Horr nous montre la guerre civile qui ne s'est jamais vraiment finie au Liban sans jamais la filmer : à travers des sons diègetiques off, des populations en fuite, des echos d'"opérations", et de villages brulée, elle construit un important hors-champs, tout un contexte, qu'elle n'explique pas, mais c'est inutile, puisque c'est un état de fait.
L'idée de road-movie, peu habituelle dans un film lourd comme Chaque jour est une fête est formidable, car on s'interresse ainsi bien plus facilement à l'aventure des personnages, mais on s'attache aussi beaucoup à eux. Enfin à elles, puisqu'il s'agit de femmes parties pour voir le mari ou leur ex-mari, gardien ou prisonnier, mais finalement c'est leur propre indépendance qu'elles vont trouver à travers ce périple qui est un véritable voyage initiatique parsemé d'embuches qui une à une traversée rendent plus fort.
Toutefois, on pourrait reprocher au film sa grande lenteur, présente comme pour précisé inutilement qu'il s'agit d'un film d'art et essai independant du Sud, un genre qui commence helas à se codifier... Et même si le scenario et le type de point de vue est quand à lui original, le rythme de la mise en scene (qui pourtant ose quelques plans très intéressants comme ce long travelling arrière au debut puis avant à la fin du film qui passe du plan général au très gros plan en une quinzaine de seconde) est des plus classiques pour le genre.
Quoi qu'il en soit, et c'est l'essentiel, Chaque jour est une fête est un de ces film dont on ne ressort pas indemne, conscient d'avoir vécu un grand moment de cinéma et une grande aventure humaine.
Avec Hiam Abbas, Manal Kader, Raïa Haïdar...
Sortie le 27 Janvier 2010
Projeté au 32ème CINEMED de Montpellier (Fin Octobre 2010)
A Beyrouth, de nos jours, un groupe de femmes qui ne se connaissent pas prennent le bus à travers l'arrière-pays libanais pour aller dans une prison pour hommes où elles ont, pour des raisons différentes, chacune des visites à passer.
Mais lors du voyage, au millieu de cette terre aride, le chauffeur meurt d'une balle dans la tête qui provient d'on ne sais où...
Les femmes sont livrés à elles-mêmes, le groupe se sépare peu à peu, et c'est finalement 3 femmes, d'horizons divers mais liées malgré elles par le destin, sur lesquelles le film s'attarde.
A travers un road-movie fascinant, dans laquelle les actions et les évènements se succède un après l'autre (ce qui nous offre un veritable fil d'Ariane qui empêche le spectateur de se perdre et donc de s'ennuyer comme c'est hélas souvent le cas dans ce genre de film politique), Dima El-Horr nous montre la guerre civile qui ne s'est jamais vraiment finie au Liban sans jamais la filmer : à travers des sons diègetiques off, des populations en fuite, des echos d'"opérations", et de villages brulée, elle construit un important hors-champs, tout un contexte, qu'elle n'explique pas, mais c'est inutile, puisque c'est un état de fait.
L'idée de road-movie, peu habituelle dans un film lourd comme Chaque jour est une fête est formidable, car on s'interresse ainsi bien plus facilement à l'aventure des personnages, mais on s'attache aussi beaucoup à eux. Enfin à elles, puisqu'il s'agit de femmes parties pour voir le mari ou leur ex-mari, gardien ou prisonnier, mais finalement c'est leur propre indépendance qu'elles vont trouver à travers ce périple qui est un véritable voyage initiatique parsemé d'embuches qui une à une traversée rendent plus fort.
Toutefois, on pourrait reprocher au film sa grande lenteur, présente comme pour précisé inutilement qu'il s'agit d'un film d'art et essai independant du Sud, un genre qui commence helas à se codifier... Et même si le scenario et le type de point de vue est quand à lui original, le rythme de la mise en scene (qui pourtant ose quelques plans très intéressants comme ce long travelling arrière au debut puis avant à la fin du film qui passe du plan général au très gros plan en une quinzaine de seconde) est des plus classiques pour le genre.
Quoi qu'il en soit, et c'est l'essentiel, Chaque jour est une fête est un de ces film dont on ne ressort pas indemne, conscient d'avoir vécu un grand moment de cinéma et une grande aventure humaine.
dimanche 3 octobre 2010
Wall Street, l'argent ne dort jamais
De Oliver Stone, Etats-Unis, 2h16
Avec Michael Douglas, Shia LaBoeuf...
Sortie le 29 Septembre 2010
Plus de 20 ans après le premier, Oliver Stone offre une suite à son Wall Street. C'est l'histoire, sous fond de crise des subprimes (2008), d'un Gordon Gekko sortant de prison après 20 ans pour délit d'initié. Il rencontre un jeune trader, Jacob Moore (Shia LaBoeuf) qui veut se marier avec sa fille. Les deux hommes font un marché (un "deal") : Moore veut venger son ancien mentor, victime de magnats de la finance, Gekko veut se réconcilier avec sa fille. Mais Joseph Moore apprendra à ses dépends qu'on ne passe pas de marché d'entraide amiable et équitable avec Gordon Gekko...
Ce nouveau Wall Street n'est pas un mauvais film. D'abord, nous avons le droit à de très beau rôles (si Michael Douglas reste fidèle à lui même et excelle dans ce rôle de financier à double face, Shia Laboeuf est également très bon, et tient sûrement le meilleur rôle de sa carrière à l'heure d'aujourd'hui), mais aussi à de très bon personnages : Joseph Moore est l"archétype sans être le cliché du jeune trader dans le vent et propre sur lui, façon Jérôme Kerviel, tandis que Gekko est le parfait financier véreux, adepte de gros cigares, mais qui pour autant ne laisse rien transparaître.
Tout cela, ainsi que la représentation de cet univers très fermé de la finance mondiale est parfaite. La preuve en est d'une très bonne étude documentaire d'Oliver Stone sur le sujet.
Là où le film néanmoins déçoit, c'est qu'on ne sait jamais s'il on a à faire à un film très grand public, ou à une réflexion pointue sur le domaine de la finance lors du krach de 2008. Car Oliver Stone alterne avec maladresse montage ultra-rythmé et fantaisiste (surtout lors des transitions, ce qui lui apporte un aspect "pub" pas vraiment bienvenu) ainsi que scénario très convenu (les difficultés de la vie de couple, et les problèmes familiaux père/fille, traités de plus d'une manière archi classique, déjà trop souvent vu et revu par le cinéma américain) avec discours très complexe sur les flux et reflux du monde de la finance d'une très grande perméabilité pour les non initiés.
Bref, ne sachant jamais dans quel registre jouer, le film d'Oliver Stone perd beaucoup de sa force. Dommage, c'était à moitié réussi.
samedi 25 septembre 2010
Des hommes et des dieux
De Xavier Beauvois, France, 2h00
Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale...
Sorti le 8 Septembre 2010
Le synopsis est simple, mais terrible : c'est l'histoire vraie de la vie des moine d'un monastère dans les montagnes maghrébines quelques mois avant leur assassina par des extrémistes islamistes.
Le fait divers à beau être tragique, il en reste néanmoins difficile d'en faire un film : personne en effet ne sait réellement comment ces moines ont été enlevés et exécutes.
Qu'importe, l'essentiel n'est pas là, et ça Xavier Beauvois l'a bien compris : avec ses personnages jamais manichéens, toujours très bien joué, mais aussi profondément réalistes, il nous livre une belle leçon d'humilité, de fraternité oecuménique.
Les moines de Xavier Beauvois sont aussi et avant tout des hommes, tout comme la population locale avec laquelle ils partagent beaucoup, et même comme les islamistes. Là aussi est la force du film. Sa profonde humanité.
La mise en scène quand à elle est très académique. Bien entendu, la force du film n'est pas là. Quelques exceptions tout de même : l'usage très maîtrisé de la musique, ainsi que la scène du dernier repas, clin d'oeil évident à la "Cène", très bien réussie.
Un très bon Grand Prix de la cuvée Cannes 2010 !
Inscription à :
Articles (Atom)